Et si on parlait de condition féminine?
Le vocabulaire féministe : des mots pour se comprendre, pour exister et pour revendiquer!
par Mélanie Therrien, historienne féministe et agente de communication à D’Main de Femmes
La première fois que j’ai fait partie de l’équipe de travail de D’Main de Femmes, il y a 18 ans, j’avais tout à apprendre du milieu féministe. Je portais ses valeurs sans le savoir, mais certains concepts et son historique m’étaient inconnus. Au fil de formations et de lectures, j’ai fini par intégrer graduellement le vocabulaire féministe et les enjeux portés par le mouvement. D’ailleurs, pour parfaire mes connaissances, je suis retournée aux études pour y faire un baccalauréat en histoire incluant un certificat en études féministes et des genres à l’Université de Sherbrooke. J’ai envie de te partager certains de mes apprentissages. Pour ce faire, commençons par les bases. Cela tombe bien, mes livres coups de cœur que je m’apprête à te présenter se trouvent dans le centre de documentation de D’Main de Femmes. Explorons certains des concepts qu’ils proposent afin de mieux comprendre les revendications portées par le mouvement féministe. Ainsi, cela nous permettra d’établir une compréhension commune des enjeux afin de lutter ensemble. Nous n’avons qu’à penser aux différentes possibilités d’oppressions, à la question de l’avortement, aux inégalités sociales, etc. Ces outils m’apparaissent indispensables pour amorcer notre réflexion.
D’abord, Des mots pour exister. Nommer les identités, les familles et les réalités LGBT+ est écrit par Marie-Philippe Drouin et publié par l’organisme Coalition des Familles LGBT+. Ce livre est l’entière œuvre de personnes faisant partie de la communauté, tant à la rédaction, qu’à la révision et la publication. Il importe que les différents concepts regardant la communauté LGBT+ soient définis par les personnes concernées. Ce livre se penche sur la diversité des genres, sur les orientations sexuelles, sur le vocabulaire entourant les violences multiples vécues par tous les humains, particulièrement ceux qui sont marginalisés. Enfin, il présente les différentes luttes LGBT+ ainsi que les multiples formes que peuvent prendre le féminisme. Quoi Mélanie? Il y a plus qu’une sorte de féminisme? Oui! Tout comme on ne pourrait pas dire « LA » femme parce qu’il existe une multitude de réalités, d’expériences et de besoins féminins, les féminismes se penchent sur une multitude d’enjeux pour faire avancer les conditions de vie et les droits des femmes. Ils sont diversifiés et visent tous l’atteinte de l’égalité entre les genres. Par exemple, dans le livre, on peut découvrir que le féminisme réformiste (ou libéral) du début du 20e siècle au Québec vise à obtenir des droits : droit de vote, droit à l’éducation, droit au travail rémunéré, etc. Le féminisme radical des années 1970, pour sa part, revendique des changements profonds, à la racine (d’où le terme radical), en abolissant le patriarcat afin d’éliminer les inégalités. Le féminisme intersectionnel, qui se déploie dans les années 1990 au Québec, reconnaît le vécu des femmes et prend en compte les différentes formes d’oppressions qui façonnent leur expérience (âge, origine ethnoculturelle, religion, classe sociale, orientation sexuelle, genre, etc.). Je vous laisse le plaisir d’en découvrir davantage!
Pour poursuivre la réflexion et les apprentissages féministes, le Manuel de résistance féministe: pour mettre fin aux inégalités persistantes et contrer l’antiféminisme de Marie-Ève Surprenant, publié aux éditions remue-ménage, amène, lui aussi, son lot de définitions du vocabulaire féministe. Il complète merveilleusement bien le premier livre présenté. Ainsi, durant notre lecture, on peut mieux comprendre ce que sont le patriarcat, la socialisation genrée, l’antiféminisme, la misogynie, et plus encore. Le portrait historique que l’auteure brosse du mouvement féministe au Québec s’avère bien intéressant. La section qui se démarque dans ce livre, c’est celle où l’auteure déconstruit les mythes les plus courants qui servent à décrédibiliser les revendications féministes. On n’a qu’à penser au mythe de l’égalité déjà atteinte ou encore la question du décrochage scolaire chez les garçons. Ce qui rend ce livre original, c’est l’amalgame entre son côté théorique et son côté pratique qui mène à la déconstruction des mythes et qui donne des arguments pour les prochaines discussions entre ami.es. Cette façon de passer de la théorie à l’action représente bien les principes de l’intervention féministe prônés à D’Main de Femmes (voir notre Mission, mandat, valeurs).
J’espère que cet aperçu des deux livres titille ta curiosité et te donneront le goût de les lire et surtout de les emprunter.
En terminant, un petit bonus. Il se peut que tu aies besoin d’agrandir le document pour tout bien voir puisqu’il est prévu pour être imprimé en format poster. D’ailleurs, il se trouve sur le mur dans la salle d’ateliers à D’Main de Femmes. Je te présente donc un schéma heuristique que j’ai réalisé pour distinguer les différentes formes du féminisme.
Juste ici, tu n’auras qu’à cliquer sur la photo pour voir apparaître le pdf. Si jamais tu l’utilises, svp me citer. 🙂 Merci!

Drouin, Marie-Philippe, Des mots pour exister: nommer les identités, les familles et les réalités LGBT+, Montréal, Coalition des familles LGBT+ = LGBT+ Family Coalition, 2022, 204 p.
Surprenant, Marie-Ève, Manuel de résistance féministe: pour mettre fin aux inégalités persistantes et contrer l’antiféminisme, Montréal, Les éditions du remue-ménage, 2015, 181 p.





