Et si on parlait de condition féminine?
Marcher pour faire avancer les droits des femmes au Québec et dans le monde!
par Mélanie Therrien, historienne féministe et agente de communication à D’Main de Femmes
1995 – La marche Du pain et des roses
Pour le mouvement féministe québécois, le début des années 1990 est fortement marqué par les contrecoups du massacre de Polytechnique en 1989 et un contexte économique difficile où le chômage atteint un niveau record de 13,2% en février 1993, touchant particulièrement les femmes seules et les familles monoparentales.
La militante féministe et ex-députée et co-porte-parole de Québec Solidaire, Françoise David, dans le conseil exécutif de la Fédération des femmes du Québec, propose l’idée d’une grande marche québécoise ralliant des femmes provenant des quatre coins de la province vers l’Assemblée nationale de Québec.
850 femmes provenant de Montréal, Longueuil et Rivière-du-Loup ont mené cette marche vers Québec, d’une durée de 10 jours et d’une longueur de 200 km, avec espoir, camaraderie et solidarité. À leur arrivée devant le parlement, le 4 juin 1995, plus de 15 000 personnes sont là pour les accueillir.
Sous le thème « Du pain et des roses » inspiré de la grève des ouvrières du textile à Lawrence au Massachusetts en 1912 « Bread and Roses », les revendications portées par les marcheuses et les différents groupes de femmes visaient à éradiquer la pauvreté. Des gains importants sont faits, notamment par l’augmentation du salaire minimum, une loi sur l’équité salariale et la perception automatique des pensions alimentaires.
L’hymne officiel de cette marche, la chanson Du pain et des roses a accompagné les marcheuses et continue de le faire dans différentes marches féministes aujourd’hui. Cette chanson, à l’image de la marche, est porteuse d’espoir, de douceur et de solidarité et a contribué à relancer le mouvement des femmes au Québec.
Marche mondiale des femmes au Québec
2000 – 2000 bonnes raisons de marcher

5 ans après la marche Du pain et des roses, les femmes se mobilisent. C’est le 26 janvier 2000 qu’est lancée officiellement la Marche mondiale des femmes au Québec au bureau du premier ministre Lucien Bouchard. Les militantes en profitent pour lui présenter les vingt revendications féministes. Elles visent principalement à contrer la violence et la pauvreté envers les femmes. Du 9 au 13 octobre, les femmes ont marché un peu partout au Québec pour se rassembler finalement à Montréal le 14 octobre. Ce rassemblement solidaire a réuni plus de 50 000 personnes. Des militantes et travailleuses de D’Main de Femmes étaient présentes. Une carte d’appui signée par 5 millions de personnes a été adressée au secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU) en vue de lutter contre la violence et la pauvreté. Une délégation internationale lui a transmise en main propre à New York, le 17 octobre. Des militantes québécoises étaient présentes.
2005 – La Charte mondiale des femmes pour l’humanité
La Marche mondiale des femmes réunit les cinq continents. C’est autour d’une Charte mondiale des femmes pour l’humanité adoptée lors d’une réunion internationale au Rwanda que les activités se mettent en branle. Cette charte a voyagé partout autour du globe et est arrivée au Québec par traversier le 7 mai 2005. Plus de 15 000 femmes sont présentes pour son arrivée. Les cinq revendications principales tournent autour des valeurs de la Charte soit l’égalité, la liberté, la solidarité, la justice et la paix. Enfin, le 17 octobre, jour de la clôture de la marche et Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, des groupes de femmes de chacun des fuseaux horaires se mobilisent sur la planète pour à leur tour, durant une heure, contribuer aux 24h de solidarité féministe mondiale.
2010 – Ça va marcher!

La Marche mondiale des femmes au Québec choisit de clôturer ses activités en-dehors d’un grand centre urbain cette fois-ci. C’est à Rimouski, le 17 octobre, qu e se rassemblent plus de 10 000 personnes pour revendiquer l’accès aux ressources et le bien commun, l’autonomie économique des femmes, l’enrayement de la violence envers les femmes, la paix et la démilitarisation ainsi que les solidarités avec les femmes autochtones. Durant la semaine précédant cette grande marche, plus de 180 actions régionales ont été menées par plus de 13 000 participantes. L’outil politique de mobilisation à travers la planète était la création de Marcheuses, des marionnettes géantes, qui portaient des messages de résistance et de fierté. D’Main de Femmes a contribué à l’organisation de la marche à Salaberry-de-Valleyfield et a participé aux actions de la Montérégie, puis a marché à Rimouski.

2015 – Libérons nos corps, notre Terre et nos territoires
Pour l’édition 2015, afin d’aller à la rencontre des femmes pour échanger sur les luttes, les résistances et générer des propositions novatrices pour la justice sociale, l’égalité de toutes et la protection de l’intégrité de la Terre, une Caravane des résistances a sillonné le Québec du 10 au 17 octobre.
C’est à Trois-Rivières que la caravane a terminé son chemin le 17 octobre où plus de 10 000 sont venues marcher en réfléchissant aux thèmes de l’austérité du gouvernement Couillard, l’environnement, les luttes des femmes autochtones, la guerre et la militarisation. À la fin de cette marche, des prises de paroles ont eu lieu, dont les femmes des Premières nation. Un « die-in » symbolique a été fait pour revendiquer une commission d’enquête sur les femmes autochtones disparues et assassinées au Canada.

2020-2021 – Résistons pour vivre, marchons pour transformer!
Cette édition de la Marche mondiale des femmes nous a demandé de nous ajuster. Le 3 mars 2020, la Coordination du Québec de la MMF s’est rendue aux bureaux montréalais de la ministre responsable de la Condition féminine du Québec pour lui présenter les revendications portant sur la pauvreté, la violence, la justice climatique, les femmes immigrantes et racisées ainsi que les femmes autochtones. 10 jours plus tard, le Québec annonçait son premier confinement dû à la pandémie mondiale de la COVID-19. Ainsi, c’est en 2021 que nos actions ont eu lieu, de façon décentralisée un peu partout dans la province.
2025 – Encore en marche pour transformer le monde
Cette année, nous avons marché! Le 18 octobre a eu lieu le grand rassemblement à Québec où près de 16 000 personnes ont pris part à l’événement.
Voici les revendications de cette année.



Sources :
« Du pain et des roses », Montréal, Fédération des femmes du Québec, 1995, 3 min., 58 s.
L’histoire de la Marche mondiale des femmes – CSN – Confédération des syndicats nationaux
Accueil | Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF)
Marche Du pain et des roses : 30 ans plus tard, la lutte se poursuit





